La Drees se met au FALC avec le soutien du PPR Autonomie

Dans le cadre de sa mission visant à rendre plus accessibles à un public élargi les résultats de la recherche dans le champ du handicap et du grand âge, le PPR Autonomie, en partenariat avec le service statistique du ministère de la santé et des solidarités (la Drees) et l’ESAT Osea, publie deux transcriptions en facile à lire et à comprendre (FALC) de résultats d’enquêtes. Retour sur cette démarche inédite.

PPR Autonomie – Virginie Esteve, vous êtes éducatrice à l’ESAT (Établissement ou service d’aide par le travail) Osea, en charge de l’animation d’un atelier FALC. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la transcription en FALC ?

Virginie Esteve. Le FALC permet l’accessibilité de l’information pour tous, par exemple l’adaptation d’un texte. Au départ, la méthode s’adressait surtout aux personnes en situation de handicap mental mais, rapidement, nous nous sommes rendus compte que le public cible était beaucoup plus large tels que les personnes âgées, les enfants, les personnes dys, les personnes apprenant la langue française, etc.

C’est une méthode européenne créée en 2009 par 8 pays. En France, l’Unapei [Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales] est porteur de la méthode car elle a participé à l’écriture des différentes règles. La plus essentielle de ces règles est la participation active des personnes directement concernées. Pour notre part, ce sont les travailleurs de l’atelier FALC de notre ESAT qui ont effectué la transcription.

PPR Autonomie – Vanessa Bellamy, vous êtes responsable du pôle handicap à la Drees. Pourquoi la Drees a souhaité s’engager dans cette démarche, et en quoi est-elle jugée importante ?

Vanessa Bellamy. Un des rôles de la Drees est d’expertiser et exploiter l’ensemble des sources de données disponibles sur le handicap, mais aussi les diffuser au plus grand nombre, et donc auprès de tous les publics. Pour cela, il semblait nécessaire de faire évoluer les supports de diffusion, en tous les cas d’en ajouter un.

Ces préoccupations ont rejoint celles du PPR Autonomie, et je remercie Claudia Marquet d’avoir été aussi enthousiaste. Le PPR nous a proposé un partenariat afin d’enclencher la transcription en FALC de deux de nos publications. La petite particularité de ces publications pour les travailleurs de l’ESAT, au-delà du fait qu’il s’agit de publications peut-être un peu techniques, est que leurs sujets d’études sont les personnes en situation de handicap elles-mêmes.

PPR Autonomie – Concrètement, comment avez-vous travaillé pour transcrire ces documents ?

Virginie Esteve. Nous avons donc reçu les documents originaux à transcrire. J’ai transmis ces documents aux travailleurs en présentant le donneur d’ordre, le contexte, l’intérêt des documents, etc. Les travailleurs ont donc lu les documents individuellement. Ils ont fait des recherches si nécessaire et en fonction de leurs besoins personnels d’information. Puis, ils ont effectué une première transcription.

Dans un deuxième temps, nous avons fait un travail de groupe. Nous avons relu les transcriptions de chacun et avons mis les différentes propositions en commun. Nous avons retenu les formulations qui nous semblaient les plus pertinentes.

Nous avons l’habitude de dire que nous sommes plus « riches » lorsque nous travaillons ensemble. Il n’y a pas de notion de « correction » mais une contribution de chacun. Chaque phrase doit être validée par le groupe et lorsque je fais une proposition, elle n’est pas toujours validée par les travailleurs !

Notre travail de transcription terminé, nous l’avons proposé à la relecture et modifications auprès de Vanessa. Un travail de collaboration s’est mis en place avec des échanges, explications et justifications de nos propositions. De son côté, Vanessa nous a fait part des modifications à effectuer. Nous avons trouvé très rapidement un consensus correspondant aux attentes de la Drees et au respect des règles du FALC dont nous sommes les garants.

Vanessa Bellamy. Les deux documents à transcrire sont des documents d’études et d’analyse statistique. Ils ne sont pas particulièrement longs mais sont très denses en chiffres. Nous avons aussi parfois des représentations graphiques qui peuvent sembler touffues, avec beaucoup d’informations dans un même espace.

Je savais qu’une partie de cette information allait disparaitre, ce qui est normal, mais je ne m’attendais pas à retrouver si peu de chiffres ! Presque aucun en vérité !

C’est un tour de force qui nous fait réfléchir sur notre manière de transmettre l’information, sur sa hiérarchisation en fonction des publics visés. D’ailleurs, pour l’un des deux papiers, la transcription a impliqué une totale réécriture de l’étude, l’architecture même du papier a été renversée.

Au final, j’ai été bluffée par ce double travail de réécriture : élaguer les chiffres en gardant les informations importantes et modifier le fil conducteur de l’étude.

PPR Autonomie – En quoi cette démarche de transcription était-elle différente des autres ?

Virginie Esteve. C’est la première fois que nous travaillions sur un document scientifique. Les chiffres, les pourcentages, les quantités ne sont habituellement pas « nos amis » dans les règles du FALC. Ces concepts sont plutôt difficiles à aborder pour les personnes en difficulté avec la lecture et la compréhension. Le défi était donc grand et nos cultures professionnelles tellement différentes…

Je reprends ici quelques témoignages : « C’étaient des documents intéressants à transcrire. C’était original car cela nous a obligé à réfléchir, à nous concentrer davantage » (Nicolas Mauny et Kenn Damiens, travailleurs de l’atelier FALC) ; « Ces documents avaient beaucoup de chiffres et de pourcentages. C’était difficile à transcrire. Nous avons enlevé les chiffres et les pourcentages. A la fin, les documents sont devenus plus faciles à lire » (Elodie Lavigne et David Massias, travailleurs de l’atelier FALC).

PPR Autonomie – Finalement, si vous deviez résumer cette collaboration, vous diriez…

Virginie Esteve. Notre travail final est la véritable preuve que le consensus et l’acceptation de l’autre permet l’inclusion et l’accessibilité pour tous. Nous remercions très chaleureusement les équipes de la Drees et plus particulièrement Vanessa. Merci pour sa confiance, merci pour cette nouvelle approche et l’acceptation d’un document scientifique sans chiffres !

Vanessa Bellamy. Le FALC est un vrai travail de transcription, qui comporte des règles et les travailleurs en ESAT ont toute l’expertise nécessaire pour mener à bien ces projets. Transcrire un document en FALC ne s’improvise pas. Pour nous, producteurs de données chiffrées, la lecture de ces transcriptions FALC est une bonne école pour apprendre à mieux diffuser nos analyses. Je remercie bien sûr tous les travailleurs de l’ESAT qui ont participé à ces transcriptions et j’espère que ce n’est que le début de notre collaboration. Peut-être même qu’à force d’échanges, je pourrais garder quelques pourcentages dans les prochaines transcriptions ?

A télécharger

Télécharger la transcription en FALC de l’Etudes et résultats 1246 de la Drees intitulée « Deux tiers des adultes handicapés accompagnés par des structures dédiées bénéficient d’une protection juridique fin 2018 » (PDF, 700Ko).

Télécharger la transcription en FALC de l’Etudes et résultats 1247 de la Drees intitulée « Les adultes handicapés accueillis dans les établissements et services médico-sociaux » (PDF, 1,1Mo).

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