L’étude présentée dans ce rapport a pour but d’estimer l’impact de l’engagement des chercheuses et chercheurs du CNRS dans des projets interdisciplinaires sur leur carrière scientifique. C’est la première enquête réalisée auprès des chercheuses et chercheurs du CNRS, sur un sujet pour lequel peu de données sont publiées à ce jour. L’enquête s’appuie sur un échantillon de 970 répondants qui se veut représentatif des scientifiques qui s’engagent à des degrés variés dans la conduite de projets interdisciplinaires, et ce quelle que soit leur discipline. Elle analyse principalement la valorisation des résultats, l’évaluation des personnels et des projets de recherche par le Comité National de la Recherche Scientifique du CNRS (CoNRS), et interroge sur l’identité des chercheuses et chercheurs présente et future lorsque qu’elles/ils sont fortement engagés dans des projets interdisciplinaires. Les résultats de l’enquête sont comparés aux chiffres de la DRH du CNRS sur plusieurs années. Cette étude a fait l’objet d’une publication scientifique dans la revue Quantitative Science Studies en 2023.
L’étude met en évidence plusieurs constats majeurs :
- L’âge moyen de recrutement au CNRS en tant que chargé.e de recherche (CR) ou le passage au corps des directrices et directeurs de recherche (DR2) est quasi-identique pour les chercheuses et chercheurs engagés dans des projets disciplinaires ou interdisciplinaires
- Une faible majorité des chercheuses et chercheurs questionnés pense que l’engagement dans des projets interdisciplinaires a ralenti leur carrière scientifique au CNRS. Néanmoins, la confrontation avec les données des ressources humaines du CNRS, en particulier pour les passages de CR à DR2, ne permet pas d’affirmer une déviation de la moyenne.
- La temporalité pour développer un projet interdisciplinaire est plus longue, mais la valorisation des résultats issus de cette recherche est exprimée par le panel comme comparable, voir meilleure que pour les résultats issus de la recherche disciplinaire.
- L’ancrage disciplinaire est conservé lorsque l’implication dans des projets disciplinaires est majoritaire, cependant lorsque celle-ci est forte et durable dans le temps, elle peut conduire à une modification durable du profil scientifique.
- L’évaluation des projets et dossiers interdisciplinaires ne semble pas adaptée aux enjeux de l’interaction entre disciplines et devrait être repensée
Cette étude a été réalisée par :
- Marylin Vantard, Institut pour l’avancée des biosciences (IAB), CNRS-Inserm-Université Grenoble Alpes, et chargée de mission MITI
- Claire Galland, responsable de projets, MITI
- Martina Knoop, directrice MITI
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Pour aller plus loin, l’article sur HAL : https://hal.science/hal-04103279
