Inégalités éducatives

La MITI a lancé en 2022 un appel à manifestations d’intérêt (AMI) qui s’adressait aux scientifiques de toutes les unités du CNRS, visant à co-construire des approches interdisciplinaires sur le sujet des inégalités éducatives.

En France, les différentes enquêtes menées par la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de de la Performance (DEPP) du Ministère de l’Éducation Nationale révèlent que le poids des inégalités sociales dans la réussite scolaire est resté stable pendant ces trente dernières années. Les données de la DEPP confirment les conclusions des études internationales (TIMMS et PISA en tête), qui révèlent non seulement que le niveau des élèves français se situe en dessous du niveau des élèves des autres pays industrialisés, mais aussi que, plus inquiétant, la France est le pays de l’OCDE dans lequel le niveau des élèves est le plus fortement affecté par le milieu social dont ils sont issus. Ces inégalités éducatives ébranlent nos sociétés démocratiques en remettant en cause l’égalité des chances qui fonde notre contrat social. De fait, ces inégalités éducatives génèrent et aggravent les inégalités économiques, sociales, territoriales et environnementales observées dans nos sociétés.

Le système éducatif cherche aujourd’hui à promouvoir une nouvelle conception de l’égalité des chances basée sur l’équité. L’efficacité réelle de ces dispositifs sur la réduction effective des inégalités éducatives reste encore à démontrer, notamment quand au-delà des impacts positifs observés à court-terme, on s’intéresse aux trajectoires scolaires à long-terme des élèves. Si les inégalités éducatives sont souvent envisagées par le prisme des inégalités sociales et/ou migratoires, elles peuvent être également le produit d’un ensemble d’autres facteurs : troubles des apprentissages induits par des troubles Dys[1], et neuro-développement, situation de handicap, difficultés d’accès aux ressources éducatives et culturelles, difficultés d’accès aux ressources numériques, etc.

Répondre au défi sociétal majeur des inégalités éducatives nécessite de promouvoir une recherche scientifique de haut niveau impliquant toutes les disciplines. Le regard croisé des scientifiques de différentes thématiques et formations permet d’enrichir la réflexion sur les façons d’apprendre et les différences des méthodes et mises en œuvre. L’AMI « Inégalités éducatives » visait donc à recenser les activités et les projets afin d’identifier une communauté diverse et d’éclairer les mécanismes éducatifs, processus d’apprentissage et politiques publiques, notamment dans l’une des directions suivantes :

  • Identifier les facteurs environnementaux, géographiques, sociaux, et/ou politiques, mais aussi biologiques, psychologiques ou encore liés aux méthodes et outils pédagogiques qui produisent les inégalités éducatives, et leurs interactions potentielles.
  • Développer et évaluer des outils, des dispositifs et des interventions didactiques et pédagogiques à même de réduire ces inégalités éducatives dans une démarche translationnelle rigoureuse.
  • Engager une réflexion plus globale sur les enjeux et les objectifs des systèmes éducatifs contemporains au regard des inégalités éducatives, particulièrement dans le contexte per- et post-covid. L’enjeu est d’interroger les formes populaires et/ou alternatives d’éducation et de pédagogies mises en œuvre à l’école ou en marge de l’école, de questionner la notion de communauté éducative et son périmètre, de cartographier les innovations sociales en matière d’éducation et de pédagogies, et d’analyser la diversité socio-culturelle des conceptions et des représentations de l’éducation, des apprentissages et des troubles des apprentissages. Elles conduisent aussi à interroger les fondamentaux de l’éducation dans un monde en pleine mutation (changement climatique, intelligence artificielle, croissance des inégalités économiques et sociales) et les « nouvelles » compétences à acquérir.

[1] Troubles cognitifs spécifiques et troubles des apprentissages qu’ils induisent. Selon le trouble, ils affectent entre 1 et 10% des enfants selon leur nature. Ce sont les dyslexie et dysorthographie, dysphasie, dyspraxie, TDHA, les troubles du développement des processus mnésiques et les dyscalculies.

Pour obtenir des informations : Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires

Partager

Go to top of page