L’épidémie a-t-elle ébranlé la confiance dans la science ?

Le 4 juin, la revue médicale britannique The Lancet a annoncé le retrait d’une publication scientifique sur l’hydroxychloroquine, molécule testée contre le Covid-19, à la demande de certains de ses auteurs. Ces travaux médiatisés avaient notamment conduit l’OMS et la France à suspendre l’utilisation de cette molécule.

Nous en parlons avec Martina Knoop, physicienne, directrice de la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires du CNRS, et chercheuse CNRS en physique quantique expérimentale, université de Provence (Aix-Marseille 1)

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Que s’est-il passé? Comment une revue aussi prestigieuse a-t-elle pris un tel risque de publier des résultats aussi controversés et se de dédire ensuite?

D’abord, il faut se remettre dans le contexte, qui est celui d’une épidémie très meurtrière. Dans les services de réanimation, les médecins sont impatients de connaître des traitements qui pourraient aider à la survie des patients. Et il y a une compétition très vive entre les équipes de chercheurs, et donc une tendance à vouloir faire vite, parfois trop vite.

Dans cette étude, le système de contrôle des travaux scientifiques n’a pas fonctionné. Il y a eu des défaillances à tous les niveaux.

D’abord, les données sur lesquelles ce travail repose —qui se sont révélées par la suite défaillantes— n’avaient pas été communiquées à l’ensemble des chercheurs. Ceux-ci ont signé les yeux fermés avant de reconnaitre, sous la pression médiatique, qu’ils avaient fait confiance à des données hospitalières fournies par un de leurs collègues, sans chercher à en savoir plus. Pour une publication scientifique, tous les auteurs sont responsables du contenu. Avec le tollé provoqué par cette publication, ils ont donc demandé le retrait de cet article. Il est incroyable que des chercheurs signent ainsi un travail qui repose sur des données dont ils ne semblent jamais avoir questionné la fiabilité.

Ensuite, les experts scientifiques chargés par le Lancet de vérifier la qualités de ce travail ne se sont pas non plus posés la question de la fiabilité des données. Il semble qu’ils ont donné leur aval un peu vite à cette publication. 

Enfin, l’éditeur de la revue, qui a le dernier mot, a décidé de publier en suivant cet avis favorable, sans lui-même se poser de questions. On peut donc dire que le système de publication scientifique a été défaillant à tous les niveaux, ce qui montre qu’aucune revue, même la plus prestigieuse, n’est à l’abri d’une erreur.

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